L’art thérapie à travers l’histoire : Retour en arrière sur cette pratique de psychologie active et analyse des différents courants actuels entre créativité et mieux-être

A travers l'histoire, l'art a toujours été thérapie. La discipline a pris plusieurs formes que je propose de résumer dans cet article.

Table des matières

histoire art-thérapie

L’art primitif est déjà thérapie

L’art est présent dans toute l’histoire de l’humanité. On peut citer par exemple :

  • Peintures découvertes dans les grottes comme celles de Lascaux en Dordogne (France), peints avec de l’ocre et du charbon de bois qui datent d’environ 18 000 avant J.-C.
  • Ecritures comme celles qui ornent les sépultures égyptiennes à partir de ~ 3150 av. J.-C.
  • Théâtre comme en Grèce Antique (800 à 480 av. J.-C) qui permet, par l’expression l’expression symbolique, de se libérer, et, selon Aristote, de purifier ses passions.
  • Chants et danses comme les premiers colons l’ont observé chez les peuples premiers d’Amérique

L’artiste était à la fois guide, soigneur et chaman car il apportait une forme de compréhension et de communication avec l’univers qui entourait l’Homme. Cette approche a été remplacée progressivement par la science, mais l’art a conservé son pouvoir catharsis. Georges Braque d’ailleurs nous dit « L’art est fait pour troubler : la science rassure. »

Une approche philosophique de l’art

L’art est un sujet majeur de la réflexion philosophique. Les théories s’affrontent toutefois. Pour Nietzsche par exemple, l’art permet de vivre en embellissant un monde trop difficile à supporter. D’autres, de Plotin à Hegel, nous expliquent que l’art est un moyen d’accès à la connaissance. Plotin dit que l’art imite le monde, et contient le modèle qu’il imite.

L’œuvre d’art possède donc un savoir intuitif, très différent de celui qui est transmis par le langage. L’art est pour Plotin une réalité sensible, palpable, et non un simple concept. Il semble être un pont entre l’esprit et la matière. La pensée romantique le voit comme un révélateur humain. En le transfigurant, l’art révèle le monde. Que ce soit à travers son processus de création, ou lors de la contemplation du résultat, l’art semble répondre aux troubles de l’Homme, et le troubler à la fois sur ce qu’il pense savoir du monde.

Son côté thérapeutique va se répandre avec les travaux de Sigmund Freud. Pour lui l’artiste crée avec des processus qui sont proches de ceux du rêve. Il permet ainsi de transposer ses passions à un autre plan. Schopenhauer, pour qui le monde est un abîme de souffrance dépourvu de sens, voit dans l’art un remède et une consolation. En ce sens, l’art semble posséder une visée thérapeutique certaine.

La naissance de l’art thérapie

C’est entre 1800 et 1860 que le mouvement des « aliénistes » posera des fondements importants en psychothérapie. Même s’ils ne concernent pas l’art, ils seront repris en art thérapie, notamment la compassion avec le patient, et l’envie de redonner espoir. La thérapie en général se présente comme l’art de guérir le sujet de ses blessures.

Après que la Renaissance ait réaffirmé le pouvoir de la peinture, on commence à trouver au 18e siècle des ouvrages qui traitent du lien entre art et thérapie dans la littérature médicale. Certains attribuent la paternité de ce concept au Marquis de Sade, qui en 1800 était interné dans l’asile de Charenton. Il y réalisait des spectacles qui mettaient en scène des aliénés.

La paternité de l’Art-Thérapie est le plus souvent attribuée au peintre anglais Adrian Hill, qui sera le premier à prouver l’efficacité de cette thérapie. Dans les années 40, alors qu’il est tuberculeux, il est placé en quarantaine. Il décide alors de se mettre à dessiner. Son rétablissement rapide étonne. Il va alors souligner le lien entre satisfaction de l’esprit via la création et guérison, et publiera « L’art contre la maladie ». Cette approche sera reprise par la Croix-Rouge britannique qui l’utilisera sur les soldats et civils blessés.

Maryan S. vit à la même époque. Juif, et sera déporté comme beaucoup d’autres vers un camp de concentration. Sa famille entière est décimée. Ces événements l’ont traumatisé et ne quitteront plus son esprit. Il fait une dépression nerveuse en 1971, et c’est son psychiatre qui lui propose d’utiliser le dessin pour exprimer ses émotions. Toute une année, il va griffonner des carnets pour y relater son expérience. Il peut ainsi exprimer l’horreur indicible, les souvenirs qui ne peuvent pas se dire avec
des mots. L’art-thérapie est là pour jouer le rôle de médium de communication. L’art est avant tout un autre langage pour exprimer le regard que nous portons sur le monde.

Petit à petit, les premières reconnaissances scientifiques des bienfaits de l’art vont émerger. Sigmund Freud étudie la sexualité et la sublimation dans les œuvres de Léonard de Vinci. Lui aussi voit l’art comme un langage inconscient, l’expression de symboles. Le langage symbolique de l’art semble alors pouvoir être utilisé dans le cadre d’une thérapie. Carl Jung enfin réalise lui-même ce qu’on appelle des « dessins centrés », des mandalas, et souligne les bienfaits qu’ils ont sur lui. L’art thérapie est officiellement née.

Les diverses formes d’art-thérapie aujourd’hui

L’art thérapie traditionnelle est une psychothérapie qui utilise l’art, à travers l’ensemble des médiums de création artistique existants. Le but est que le patient renoue avec un dialogue intérieur, ainsi qu’un dialogue avec autrui, tout en stimulant sa créativité. L’art et le processus de création servent alors de médiums d’expression et de réalisation. Le patient peut exprimer et libérer émotions, souffrances, et ainsi évoluer ou mieux utiliser ses ressources intérieures.

Le but n’est bien sûr pas de créer un chef d’œuvre, ou de juger l’œuvre produite d’un point de vue qualitatif. Il s’agit de construire une image de soi et de la perception que nous avons du monde, à travers la création, pour aller vers un changement.

L’art-thérapie moderne est récente et consiste à exploiter le pouvoir de l’art, sans chercher à l’interpréter, contrairement à la psychothérapie. Le but ici est d’améliorer et de se concentrer sur les capacités d’expression et de relation du patient. Cette démarche fait l’objet d’un protocole thérapeutique, de stratégies et d’évaluations qui permettent de valider les progrès du patient. L’art-thérapie moderne respecte les règles déontologiques des professions paramédicales officielles. Cette activité s’exerce en institution médicale ou hospitalière, en atelier libéral, voire parfois à domicile ou en ligne.

L’art n’est pas toujours thérapeutique !

On décline aussi la pratique artistique en dehors des protocoles thérapeutiques, comme technique de développement personnel ou de relaxation. C’est le cas par exemple de la méthode Zentangle®️. On retrouve également des formes dérivées de l’art thérapie comme le Journaling ou des notions telles que « créathérapie » qui se passent du thérapeute et appellent un dialogue direct entre le créateur et son œuvre. Nous ne sommes pas ici dans une démarche d’art-thérapie qui inclue toujours la relation tripartite entre le patient, sa production créative et le thérapeute.

On peut enfin séparer l’art-thérapie curative qui creuse l’introspection et promet une transformation du patient, avec une pratique artistique occupationnelle, qui reste dans une couche superficielle de l’être en apportant un bien-être immédiat sans chercher à toucher « là où ça fait mal ».

Il n’est pas de mauvaise approche, mais il est important d’avoir en tête les différentes notions, entre art-plastiques, développement personnel, créativité et réelle démarche thérapeutique. Ceci permettra de se situer dans sa pratique et comprendre jusqu’où notre patient ira dans sa recherche intérieure.

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Pauline Hanfi CZT coach en magie créative

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Une réponse

  1. Wouah!! J’adore ton nouveau blog Pauline😍
    J’ai bien hâte d’en apprendre plus sur tes divers projets! Bravo 😘

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