Je suis très émotive.
J’ai toujours été émotive.
Si tu lis cet article, peut-être que toi aussi ? Combien de fois as-tu entendu ces phrases : « tu prends tout trop à cœur », « ne sois pas si émotive ». Comme si c’était le but ultime à atteindre : faire taire toutes ces émotions. Ne pas s’indigner, ne pas pleurer, laisser la vie « couler » sur nous. On n’y arrive pas, et on se déteste à cause de ça…
Cette émotivité a longtemps été mon fardeau et celui de ceux qui m’entourent. Je pars dans tous les sens, allant d’un sentiment à l’autre, des rires aux pleurs en totale anarchie. J’ai essayé longtemps de calmer ce que je croyais être des émotions négatives. Pour éviter qu’elle n’explosent, je les avalais… A force d’avaler, des kilos ça oui j’en ai pris ! 😀 J’essayais de réduire l’amplitude des montagnes russes : moins de colère, moins de tristesse, mais également moins de joie. C’est vide, c’est terne, ça n’est vraiment pas folichon !
Et puis, ces émotions, à force d’être bridées, elles finissent par exploser d’autant plus fort au moment où je m’y attends le moins. Le fameux effet « cocotte minute » qui me glace rien qu’à y penser. Toute puissante et destructrice, l’émotion se projette sur tous, et principalement contre moi. Ces apparitions intenses m’ont longtemps confortée sur la nécessité d’étouffer l’émotion, pour ne plus qu’elle apparaisse… et ça s’est répété… comme un cercle vicieux, jusqu’à ce que je comprenne :
Je serais toujours émotive.
Et c’est génial !!!!
C’est le signe que mes warning fonctionnent bien.
Chaque émotion porte un message, qu’on peut resumer très grossierement ainsi :
- La peur me dit que je dois agir car un danger est proche de moi
- La tristesse me dit qu’une chose est terminée et que je suis disponible pour un renouveau
- La colère me dit que mes valeurs ne sont pas respectées et que je dois me battre pour me faire entendre.
- La joie enfin me dit que je suis alignée. C’est l’émotion qui m’invite à rester dans l’état actuel
En réalité c’est bien plus complexe ! Les emotions sont tellement plus nombreuses, et parfois elles se mélangent et se superposent. C’est comme les couleurs sur une palette aquarelle. Certaines ont un message profond et d’autres pas du tout, ne sont qu’une impression passagère. Ça danse, ça va, ca vient… Et on peut facilement s’y laisser bercer.
Ne ressentir aucune émotion ne s’appelle pas le bonheur, mais au contraire, ce serait plutôt une forme de mort cérébrale. Il n’est pas non plus question de rester bloqué dans une émotion. Ces émotions ne sont pas moi : je ne suis pas « triste », « colérique » ni « peureuse » par nature. Toutes ces émotions sont en moi, et je dois les écouter, les comprendre, pour agir en fonction et les voir en alliées.
Le message est intime
Là est tout le secret : je dois discuter en tête à tête avec mes émotions.
La même situation aura un impact très différent d’une personne à l’autre, car elle va activer une émotion ou une autre selon les valeurs et l’histoire de chacun. La relation est tripartite : il y a le déclencheur, mon émotion et moi. Je suis l’union entre le déclencheur et l’émotion, je suis son interprète.
D’ailleurs, ce qui me dérange n’est pas tant l’émotion elle même, mais plutôt son extériorisation incontrôlée. Pour limiter la casse, au départ, je dois m’entraîner à la sentir arriver, pour ne pas me laisser emporter. Je peux par exemple la nommer. Reconnue, elle baisse d’un ton. Je peux l’exprimer, mais ne cherche pas à l’expliquer. Quand l’émotion est trop vive, je n’arrive pas à la comprendre. C’est rarement le moment d’agir ni de prendre des décisions. Mon émotion s’adresse à moi, et à moi seul : ni au déclencheur, ni au reste du monde.
Je m’excuse auprès de mon interlocuteur et m’isole. Je peux évacuer : courir, danser, chanter, respirer en conscience, raturer, crier, pleurer, me répéter un mantra en boucle dans ma tête, boire un verre d’eau… Je ne dis pas que c’est facile, ou que j’arrive toujours à trouver le bon degrés entre l’émotion et mon quotidien… Mais je m’entraîne. L’émotion ressentie doit s’exprimer pour s’adoucir, devenir intelligible.
Ensuite, j’y reviens. Qu’a t’elle voulu me dire ? Quel est le message ?
J’enclenche le dialogue
Pour le comprendre, il y a plusieurs méthode : dessin ou écriture intuitive, méditation… Essaye et tu verras : c’est étonnant à quel point il est facile de se replonger dans une émotion, même ancienne. Il suffit de repenser à la situation, de revoir le déclencheur, et la machine se remet en route toute seule. Cette fois-ci, dans un cadre sécurisé, loin du monde, entre mon émotion et moi, je peux l’écouter.
Une personne tiers peut aider à cela. Qu’il soit psy, coach ou chamane, l’accompagnateur peut guider par des questions, à vous connecter à votre émotion, capter son message. Au départ, cela peut aider et rassurer d’avoir un intermédiaire entre mon émotion et moi. C’est bien toutefois d’apprendre à le faire seule, pour renouveler l’opération autant de fois que c’est nécessaire, et petit à petit, capter les messages de mes émotions.
Ces messages ne sont pas toujours verbaux, ils sont souvent flous, ou masqués par des barrières que nous avons construites tout autour de nos blessures, pour nous permettre de vivre avec, en les contournant. Le processus est long, mais à la fois il est passionnant. C’est une plongée à l’intérieur de soi, comme découvrir un micro-univers où toutes les émotions cohabitent et vivent les unes avec les autres.
La magie enfin est qu’une fois ce dialogue enclanché, mes émotions me parlent plus doucement. Elles savent que je les écoute. Je les nomme à leur arrivée, et essaye d’appliquer les messages qu’elles me transmettent. Je les expose au monde une fois traduites en paroles, en décisions et en action.
Ensemble, nous construisons un partenariat. Je n’essaye plus de les contrôler, et en échange elles ne prennent plus le contrôle de mon quotidien.
J’espère que ce récit trouvera un écho chez toi, pour te permettre aussi de mieux comprendre et accueillir tes émotions. De manière plus générale aussi, ne plus les rejetter nous permettra d’aller vers un monde plus vivant, moins bridé et par ce fait moins explosif.
Références
Et tout le monde s’en fout : émotions (Vidéo) https://www.youtube.com/watch?v=_DakEvdZWLk
Fabrice Midal (chaîne youtube) : https://www.youtube.com/channel/UChmYtDZNZFU88BOFQZ7NEPw
Femme en colère, authentique et sauvage (Groupe animé par Sophie Aucourt) : https://www.facebook.com/groups/199291745166285
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