Mon prénom me défini
En France, les parents ont 3 jours pour nommer leur enfant à la naissance. 3 jours c’est bien court ! Surtout quand on sait que ce mot, simple ou composé, nous suivra toute notre vie. A partir de 4 mois nous l’intériorisons comme étant la représentation du moi : ce qui nous définit dans notre individualité.
L’impact du prénom est bien réel, que ce soit dans ce qu’il renvoi aux autres, mais également pour tout ce qu’il évoque en nous. Au delà des discours limitants et déterministes, je souhaite au contraire interroger sur la relation que chacun entretien avec ces quelques lettres.
Un prénom rare ou complexe sera pour l’un une source de fierté, la sensation d’être « unique » tandis que d’autres l’interpréteront comme une tare, un argument qui le sort du groupe. Il n’est pas de mauvais ou de bon prénom, mais il est important d’avoir une relation saine avec le sien : car c’est notre principal symbole identitaire, l’expression de notre égo au reste du monde, et notre résumé le plus commun. Le trouble que j’entretiens à l’expression de mon prénom peut révéler un conflit interne plus large et ouvrir des pistes d’introspection, pour vivre en paix avec moi-même.
Quelques questions conscientes
La première étape vient en me penchant consciemment sur mon prénom : ce qu’il évoque au yeux du monde, pour ma famille, en moi ? Comment je l’intègre et le projette et qu’est-ce qu’il renvoi de ma personnalité ?
Que signifie mon prénom ?
Au niveau général d’abord, il est intéressant de chercher la signification et la symbolique de son prénom. Quelle est son origine ? Comment peut-il être interprété ? Comment se prononce mon prénom dans d’autres langues ? Quelles personnalités ont porté ce prénom et qu’ont elles fait qui les a rendu mémorables ? Quelles qualités sont associées à mon prénom dans l’imaginaire collectif ?
Au niveau familial ensuite, je peux chercher des ancêtres qui portaient ce prénom. Quelle relation ai-je avec eux ? Quelle est leur histoire ? Comment ont-ils marqué la mémoire de ma famille ? En quoi ma naissance leur a t’elle permis de « revivre » au travers moi ? Quelles valeurs me sont transmises par ce choix ?
Enfin, pourquoi ne pas interroger mes parents, sur la raison de leur choix. Quelle est leur histoire autour de mon prénom ? Quel aspect les a séduit ? Avaient-ils d’autres prénoms en tête ? Pourquoi celui-ci a gagné ? Comment me serais-je appelé si j’avais été de l’autre sexe ?
Toutes ces pistes de réflexion me permettent d’y voir plus clair sur ce mot, de me l’approprier, tout en utilisant mon sens critique : Sur quels critères m’a t’il été attribué ? Qu’elle image projette t’il sur moi aux autres ? Quel(s) aspect(s) me définissent et le(s)quel(s) ne me correspondent pas ? En quels domaines je réponds ou au contraire contredis les fantasmes que l’on a projeté sur moi par le biais de mon prénom ?
Est-ce que j’aime mon prénom ?
Suis-je à l’aise avec mon prénom ?
Est-ce que je me fais appeler par mon prénom ?
Est-ce que j’aurais aimé avoir un autre prénom ? Si oui, lequel ? Pourquoi ?
Est-ce que j’ai un surnom ?
Si j’ai un surnom, s’agit-il d’un surnom que je me suis donné, ou bien mes proches l’ont-ils choisi pour moi ?
Ce surnom est-il issu de mon prénom, comme un diminutif, ou bien a t’il un sens tout autre ?
Est-ce que je préfère mon prénom ou mon surnom ?
M’est-il arrivé, au cours de ma vie, de changer de surnom ?
Est-ce que souvent les gens se trompent et m’appellent par un autre prénom ?
Quel effet cela me fait lorsqu’on écorche mon prénom ?
…
Toutes ces questions peuvent m’orienter sur mon ressenti conscient face à mon prénom. Ceci me donnera une première vision identitaire, le niveau de satisfaction de mon égo sur ce mot. Parfois, ces quelques questions ne suffisent pas, et il est intéressant d’aller puiser plus profond dans son ressenti, pour laisser parler notre enfant intérieur.
Deux exercices d’art-thérapie
L’art-thérapie permet d’aborder le sujet par un angle détourné, sans me confronter directement, en laissant exprimer mon inconscient. Il contourne le sujet pour mettre en valeur les sentiments cachés que l’introspection consciente auraient voulu taire.
Quel que soit l’art appelé, l’imaginaire ouvre la porte des possibles, fait sauter les verrous que j’ai posé sur mon moi profond et révèle mon ressenti de manière brute. Voici deux exemples pour y parvenir :
Je dessine mon prénom
En décomposant les sonorités de mon prénom tel un rébus, ou bien en jouant avec les courbes de ses lettres, je dessine mon prénom.
Quelles couleurs ais-je utilisé ? Que m’inspire le rendu ? Quels symboles sont visibles dans mon dessin ? Qu’est ce que la représentation m’évoque ? Comment cela me défini ? L’image est-elle chargée ou au contraire épurée ? Où se situe mon prénom dans la page ? Prend-il tout l’espace ?
Toutes ces questions, qui concernent le dessin, vont finalement nous rapporter à la vision que nous avons de notre prénom, et de la place qu’il joue dans la définition de notre identité. En déportant l’analyse sur l’œuvre et non plus sur l’objet de l’œuvre, il est plus facile d’y voir clair, de nous laisser porter sans blocage vers notre inconscient.
Je raconte mon prénom
Tel les poèmes de notre enfance, en anagramme, chaque lettre de mon prénom démarre une phrase. Le récit qui en naîtra sera la mélodie de mon prénom.
Que raconte cette histoire ? Est-elle joyeuse ou triste ? Que m’inspire t’elle ? A t’elle un caractère réaliste ou fantaisiste ? Suis-je le héros de mon œuvre ? Le récit s’arrête t’il ici ou bien appelle t’il une suite ? Si je ressens le besoin de continuer l’histoire, de me laisser emporter au delà de mon prénom, je peux laisser la plume « couler » vers mon inconscient et peut-être me révéler d’autres choses sur moi-même, que le nombre limité de lettres n’auraient pas permis d’exprimer.
Je suis le seul lecteur de mon texte, je peux y déposer tout ce qui passe en moi, recommencer mon prénom à l’endroit, à l’envers, sans les voyelles, ou bien en incluant mon nom, mon surnom ou d’autres prénoms qui m’inspirent. Cette liberté permettra d’élargir mon analyse. La sortie du cadre de l’exercice est en elle-même un axe d’analyse supplémentaire. Mon prénom est-il « suffisant » ? quel autre élément dois-je appeler pour raconter mon histoire ? Outre l’histoire, c’est le processus qui est analysé, en ce qu’il révèle de nous.
Conclusion
Mon objectif ici n’est surtout pas de donner de solution extérieure ni de conseils sur le rapport que tu entretiens avec ton prénom, mais seulement de t’interroger. Les réponses sont en toi, au fond de toi, et c’est à chacun de trouver son propre chemin pour vivre en paix avec cette représentation identitaire, de te l’approprier, ou, si vraiment celui-ci ne te convient pas, de prendre la décision d’en changer.
Toutes les solutions sont possibles et aucun autre que toi ne peut juger ce choix. Ce qui est sur en revanche, c’est l’importance de se sentir bien sur la façon dont les autres nous nomment, car c’est une partie de notre image et de notre estime de soi qui en dépend.
Si le cœur t’en dis, n’hésite pas à poser ici ton ressenti en commentaire. Je me ferais une joie de le lire ! Cet article t’a t’il aidé sur la connaissance de toi-même ? As-tu essayé l’un des exercices ? Qu’y as-tu appris ?
Références
Signification des prénoms – http://signification-prenom.com/
Le prénom : un élément de l’identité participant à l’évaluation de soi et d’autrui – https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-internationaux-de-psychologie-sociale-2005-1-page-33.htm
Comment notre prénom influence notre identité – https://www.psychologies.com/Moi/Se-connaitre/Personnalite/Articles-et-Dossiers/Comment-notre-prenom-influence-notre-identite